Quatre nouveaux poèmes de Fatima Maaouia – Tunis

Vers libre

 

À ceux qui me demandent 
Si je suis amatrice du vers libre,

Interloquée 
Je dis:

Que c’est lui 
Lui, au contraire
Ivre et toqué 
De mon Libre…
Vers… le libre
Qui fait voler en l’air 
Tous les loquets 
De la terre

Pour ensuite librement 
Je ne sais comment
Sans frapper ni toquer
Entrer à tout moment 
Dépoussiérer mes vers
Lire comme dans un livre 
Grand ouvert
En moi, me raconter toute sorte d’histoires
Hé! Vous n’allez pas me croire…
Me boire en un verre !

Café

 

Le poète qui a la bonté de l’être 
Se boit d’un trait
Sans mot
En claquant la langue de bien-être 
S’il le faut !

Ses mots 
Pur chant ou sanglot
Qui font plus de bienfaits
Un vin chaud 
Un bon café
Ou une bonne

Eau de jouvence à la peau

Font renaître

En plus beau

Et en toute lettre

Le divin
En chaque Être 
Qui fond 
Et grandit de bien-être
Dans chaque lettre !

Le poète

 

Le poète sujet libre 
De tout objet et de tout sujet
Jamais hors sujet
Vibre 
À contre pied 
De tous les sujets 
Tous styles et vers confondus

Le Nu
Ou le bris d’un sujet
Être de sang et de chair 
Ou d’un simple objet 
Poterie, argile, fleur ou verre
Le fait vibrer et pleurer
De la Lumière !

Haut du formulaire

Résidence paradis
Né, pauvre, le pauvre Adam 
Fut …comme tout quidam
Qui n’a que dalle, proprement relégué au paradis
Avec sa femme…

La pauvre fille
Pareille !

Nue comme Eve et aussi démunie que lui 
N’avait même pas de quoi 
Se couvrir en cas de froid.

Née, 
A son grand dépit
Sans fée à son chevet
Père, trafiquant ou banquier …

De fait 
Ni soulier d’argent à ses pieds
Ni cuillère d’or à se mettre sous la dent…
Dont l’émail 
Tombait à chaque pas
D’où les étoiles
N’est-ce-pas ?

Leur pouvoir d’achat était si bas 
Qu’il ne leur permettait pas 
D’affronter les joies
De la terre 
Ici bas

Dans ce paradis
De prolétaires 
Société Anonyme des Airs
Mal gérée 
Où il n’y avait tant de vergers
Et qu’une méchante vilaine pomme
A partager
Ils enrageaient…

Pauvres hères

Mille fois faillirent 
Tomber dans les pommes
Rien ne leur était épargné 
Le pain leur était compté
Mais pas l’ire…

Ce n’était pas du tout 
Comme pour nous 
En cette glorieuse ère
Avec supermarchés et malls lumière 
À nos genoux

Heureusement encore
Qu’il y avait un serpent à bord 
A qui parler…

Converti en passeur
Le serpent 
Par ailleurs 
Beau parleur
Se fit fort
Sans visa ni passeport
De les faire passer 
Par dessus bord
À l’extérieur

Fallait juste toucher enfin une bouchée 
De la pomme dont, même les pépins
Les rendaient zinzins
Avant que le fruit 
Buste fieffé coquin
Lourd de tous les péchés 
De gourmandise
Qui de jour en jour se mourrait 
Du désir et et de la furieuse envie 
De toucher 
A leurs lèvres grises
Ne soit tout à fait
Prescrit:
Périmé et décrété tout à fait mort
Par la loi de la vie
Impartie à tout être et objet

Alors?

Alors, mes petit, dans ces conditions…

Fallait-il sacrifier une pomme 
Or 
Addiction
Ou une femme et un homme 
Morts 
D’inanition ?

 

 

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