Préface du nouveau recueil de poésie Aigre – doux de Abdellatif Bhiri par : Omar Lachguer- Maroc

«  Le poète ne se fait pas, il naît. Le poème ne naît pas, il se fait». 

Abdellatif Bhiri

Omar Lachguer

J’ai dû  passer beaucoup d’années à lire la poésie de tous les temps et de  toutes les nations pour aimer et admirer ses mystères, ses secrets, ses chants, ses formes rythmiques, sa magie et ses Muses.

Narrer, décrire, informer, transmettre sont à la portée de tout le monde, pour échanger la pensée humaine ; mais le don de mettre en vers des sentiments humains, des émotions chaudes, des vibrations du cœur et de l’âme est réservé exclusivement aux poètes.

Je n’ai jamais séparé la poésie de mon histoire, de ma culture, de ma vie, de ma philosophie. La poésie aussi est une philosophie, mieux encore un acte supérieur de philosophie, mais une philosophie pratique qui tend à répandre la joie sur la terre, l’espoir, la beauté, l’amour, le courage et toutes les merveilles de l’existence.

C’est aujourd’hui seulement qu’il m’est possible de tenter d’écrire la préface d’un merveilleux recueil de poèmes contemporains écrits par mon cher ami le poète Abdellatif Bhiri.  Un recueil dont la saveur est à la fois aigre et douce, mais l’acrimonie de son aigreur s’évapore par la beauté de sa douceur. C’est donc  l’ «  Aigre – doux »  comme l’a bien voulu le poète.

Le poète Abdellatif Bhiri n’est plus à présenter au public de la culture et de la poésie. Il est déjà connu par la somptuosité de ses poèmes, la perfection de ses formes, l’originalité de ses idées, la fluidité de sa musique verbale, bref, il ne s’agit pas d’un poète en herbe.

En lisant ce nouveau recueil, il m’a fallu un grand silence, un silence mystique et une récollection parfaite pour entendre intérieurement la voix du poète, les vibrations de ses mots, la tonalité de ses strophes …Il y a comme une «  surimpression »  entre le réel et le rêve.

Ce recueil, qui frappe d’abord par la beauté imposante de son ensemble, m’a fait vraiment découvrir une réalité, c’est que la poésie est encore en bon état malgré le ravage de tant de plumitifs, d’intrus impudents, de dindons, de faux poètes et de crieurs publics. La poésie n’a donc rien à regretter en confiant ses secrets aux poètes talentueux et authentiques comme Abdellatif Bhiri. Au contraire, elle va se consoler vivement.

L’Aigre – doux, n’est pas une anthologie à sujet unique. Il est composé de six parties dont chacune est consacrée à une thématique spéciale. La première a pour thème la création poétique, ses déboires, ses défis, ses difficultés. La seconde tourne autour tout ce qui est romantique comme l’amour, les désirs humains, les foudres de la passion …La troisième touche de près les voyages fictifs et imaginaires, la quatrième est consacrée aux réflexions sur la vie, et après il y a la métaphysique de la maladie et de la mort, c’est le thème de la cinquième partie.

La dernière est totalement réservée au moiku  étant une nouvelle forme de poésie moderne créée par un poète haïtien, Maître Henri Serge Moïse …Il est à noter que chaque partie de ce recueil mérité d’être étudiée à part.

L’importance littéraire et poétique de l’Aigre-doux jaillit de plusieurs sources :

–    La grandeur de ses thèmes parfaitement choisis et délicatement pénétrés.

–    La conviction passionnée du poète qui a une foi profonde et absolue dans le pouvoir de la poésie, et son rôle dans le développement humain.

–    Sa vive sensibilité qui déborde de chaque vers.

–    La puissance de son imagination qui est devenue la pierre philosophale très rare à trouver.

–    Sa sympathie pour la femme, pour la nature, pour la beauté, pour la vérité, pour la vie et pour la mort …

Tout ce qui tue la valeur de la poésie et dérange son rythme comme le banal, l’habituel, les clichés et l’encombrant est épargné dans ce recueil. L’élément principal du poète Bhiri c’est la création inspirée, la création créative et productive, la création qui tient un peu de la divinité. Chaque mot de ses vers, chaque rime, chaque strophe brûlent d’un feu intérieur qui nous fait plonger dans le vrai paradis de la poésie. Quant à son style c’est vraiment merveilleux, coulant, ample, naturel avec une élégance spontanée.

Je résume par affirmer que notre poète Abdellatif Bhiri est véritablement un orfèvre du mot, un artisan authentique des vers, un artiste de taille, une orgue que le bon Dieu a peut-être créée exclusivement pour la poésie.

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*