Deux nouveaux poèmes de Fatima Maaouia- poétesse tuniso-algérienne- Tunis

Fatima Maaouia

Thème…

Quand un thème
M’intéresse,
Je vais à lui sans méfiance, et là, catastrophe!
Son âme
M’apostrophe,
Me presse, me stresse,
Veut des vers,
Une strophe,
Une louche, une cuillère, un container …
Aimez-moi! Aimez-moi!

Ma plume s’en mord les doigts, 
Le prend par la douceur
Pour qu’il livre sa fleur,
L’inspecte de tous les cotés,
A l’envers,
A l’endroit
Avec amour et doigté, 
En noir, en blanc, 
En couleurs
A moi il se pend.

Finalement c’est les couleurs 
De mon âme 
Qui crament,
Que le pervers prend.
Voilà pourquoi 
Mes textes sont si longs.

Je cisèle et cisaille,
Cisaille et cisèle
Un bout d’ailes, 
Un ton plus haut

Pour l’or d’un mot
Et échapper aux bisous
De ce fou. 
Je le coupe en morceaux
A la truelle, au marteau, 
Au buldozer 
De l’air!

Ses os craquent sous les coups
Pustules, cors, verrues, mots de trop
Et mauvaise peau
Volent en l’air.
Je ramasse les copeaux 
Un jour s’ils sont prêts à renaître 
J’en ferai d’autres mots peut être

Ouf! Avec quel art
Et ses yeux doux 
Le salopard 
A faillit m’avoir !

Boîte à lettres

Lorsque il m’arrive de passer devant une boîte à lettres,
Je ne peux empêcher mon cœur de battre
Et de m’arrêter tout de go.
Évidemment
Ce n’est pas toujours pour le vieillot
Ou art déco de leur peau
Que j’aime beaucoup 
Mais plutôt pour tout ce que de porte en porte
Ces silos, paumes jour et nuit
Ouvertes sur la vie
Portent 
De Beau
En dépôt
Dans les entrepôts.

Quand personne n’est là pour me zieuter,
Il m’arrive même de jeter un œil. 
Oh, pas pour violer leur intimité 
Mais pour savoir 
Si elles font bien leur travail
Qui est de recevoir
Le plus grand nombre d’invités 
Personnes humbles et modestes 
D’émotion ointes
Ou en habits de fêtes 
 Parfumés
Et grandes toilettes
Soulignées à l’encre violette.

Je m’imagine alors 
Qu’elles sont pleines à craquer 
De paquets 
De lettres.

Mais visiblement, de nos jours
A part politiciens retors
Et hommes d’affaires 
Les boîtes à lettres 
Boitent et ne font pas d’affaires 
Ni même les hommes et femmes de lettres
D’ailleurs

Les êtres ont bien du souci 
A se faire 
Leurs mots sont remplis de rassis.

Faut admettre 
Qu’ils ont d’autres chats à fouetter 
Que mettre 
Leur mal 
Dans des lettres
Et cartes postales. 
Ça ne va pas le démettre.

Oui, visiblement à l’intérieur, 
Des boîtes postales 
Si d’aventure, 
Il y a encore quelque chose 
Ce n’ est ni fleurs, 
Ni billet doux qui ose
Faveur 
Bleue
Ou ferveur 
Rose,
Ni gravures, 
Calligraphie ou enluminure
A la feuille d’or
Et ça fait mal.

Seuls en général 
Y affleurent
Toutes griffes dehors
Prospectus, rappels d’impayés
Et dernier avis poursuites
Qui déjà quoiqu’il arrive 
Vous poursuivent
Vif ou mort
Et vite!

Et puis des factures
Colis de la peur
Avec une drôle d’odeur
Votre nom grimaçant
Langue dehors 
Comme si vous étiez un coupable menaçant
Parce que vous n’avez pas d’or 
Ce qui amplifie encore 
Votre mauvaise humeur 
Et absence de miel
Que vous allez 
Épandre
Et répandre 
En allées universelles 
Où le fiel ruisselle 
Dans vos posts et e-mails 
Qui ne portent même pas de timbres
Puisque tout le monde est timbré

 

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