La chimère du sable (2ème partie) : conte de Rémy Ducassé dit Erdé – Bastia-France

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Rémy Ducassé

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Yaël, déroutée, ne comprenait en aucune façon le rapport entre son histoire et le discours de François le Chimériste. Où était la chimère dans ce propos hermétique.
Celui-ci découvrant le regard incrédule de la brune au regard si doux, assise en face, lui dit :
–    « Yaël, écoutez-moi !!! Je vous en prie, je vous en supplie. J’espère que mes paroles, vont très vite, allant pénétrant votre cœur, sécher vos larmes. Faire fondre un à un tous les nuages de vos craintes et de vos angoisses.
Certes, ce prénom qui orne votre front d’une couronne flamboyante, par ces temps de doute contagieux peut vous paraître tellement difficile à porter.
Mais vous avez en vous, toute la beauté, toute la force qui vous sera utile pour clouer le bec à tous les méchants et les méchantes que vous devrez affronter ».
– « Certes le combat sera parfois difficile, certes vous tomberez souvent.
Souvenez-vous de votre enfance, votre toute petite enfance.
Les enfants n’ont pas réellement peur. De rien.
Même pas des sorcières, qu’elles soient rouges, blanches ou noires !
Ecoutez-moi bien, d’aucune sorcière. Souvenez vous…Yaël. Les enfants, tous les enfants parlent avec les ours en peluches. Ils sont convaincus que ce sont de vrais ours, des ours gentils, qui les comprennent.
Les enfants aiment les arbres, les fleurs, les ruisseaux, les sources fraîches comme ils aiment leurs parents. Même en silence, même sans signe de cet amour, les enfants, tous les enfants aiment leurs parents.
Les enfants aiment la vie.
Ils voient des baleines au milieu des cieux. Les nuages sont des baleines ou les baleines sont des nuages. Qu’importe ! Les baleines-nuages regardent les enfants avec leurs yeux doux. Rappelez-vous chère Yaël.
Vous viviez, vous aussi, avec des ours qui écoutent et qui parlent,  avec des baleines-nuages au-dessus de votre tête. N’ayez pas peur de votre imaginaire !

Bien au contraire, cultivez là cette imagination si précieuse pour votre avenir.
Lorsque vous étiez enfant, vous n’aviez peur de rien. Les bras de votre père vous enveloppaient à la moindre alerte. Les doux baisers de votre mère vous consolaient de vos plus petits chagrins. Vous aviez un petit copain, vous en souvenez-vous ??
Vous jouiez ensembles à la guerre. Vous lui tiriez dessus et vous ne craigniez pas de le voir tomber, tué sous vos balles invisibles et fausses.
Tout cela c’était : Pour de faux !! »
– « Yaël, chère enfant, pitchounette écoutez-moi. Trop souvent dans ma vie, il m’est arrivé de me sentir triomphant. Ne vous sentez jamais, ni victorieuse, ni vainqueur, ni digne d’aucune admiration, ni d’aucune adulation, de quiconque. Surtout pas de vos amis, ni de vos proches ».
« Vous ne comprenez pas, je vais vous aider. Vous et vôtre bel étranger, vous êtes comme deux grains de sable, vous vous êtes rencontrés, vous vous êtes plu, vous vous êtes aimés, puis le mouvement programmé des choses de ce monde, vous a séparés. Cela n’était pas selon toute évidence le bon grain de sable. Le sablier du temps qui court vous avait programmé pour un an, il y a des histoires qui durent plus longtemps, d’autres beaucoup moins.
Ne voyez aucune fatalité dans tout cela, puisque tout cela est prévu, et que nous n’y échappons pas. La fatalité est un vilain sentiment pessimiste, inventé par des humains grains de sable pour dominer d’autres humains grains de sables.
Voilà, Yaël votre chimère c’est la recherche ardente, passionnée, sans faiblesse du grain de sable, celui qui vous accompagnera le plus longtemps possible, tout au long de vôtre vie.
La recherche du bonheur, croyez moi c’est un devoir. Prenez, dans vôtre cœur à l’heure de vôtre rencontre, et dans votre raison, s’il le faut au moment de vôtre séparation. Tel qu’une funambule là-haut, tout là haut sur son fil, vous avancerez dans cette quête du bonheur, pas à pas, lentement avec en main un balancier, aux bouts duquel, vous aurez placé d’un côté vôtre cœur, et de l’autre vôtre raison. Tous mes vœux vous accompagnent, pour qu’ait lieu ce temps béni de la rencontre et que jamais, sauf à savoir de façon naturelle, ne viennent ce temps difficile de la séparation. Les paroles que vous venez d’écouter, ne sont pas paroles de sciences, méditez-les, un peu, mais point trop non plus, le temps ne compte pas, vivez, vivez vraiment et vous trouverez ce que vous recherchez ».
Ainsi, Yaël un peu, mais pas complètement rassurée, quitta François le Chimériste emportant sans payer le trésor le plus précieux qui soit, un petit bout, pas plus gros qu’un grain de sable de la sagesse du monde.
Voilà, la première Chimère que mon ami François livra lors de son existence ici-bas en tant que Chimériste.
Rémy Ducassé dit Erdé.

 

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