Les nuits béantes de l’été par : Patricia Laranco – poétesse française- Paris

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Patricia Laranco – poétesse française- Paris

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Les nuits béantes de l’été

aboient leur musique à la lune.

Fluide l’insomnie

nous parcourt.

En sa vastitude étirée

l’élasticité du néant…

Les cercles d’ombre ont profil bas

mais également échine souple

comme en la danse du totem.

Vient un instant écarquillé

où convergent tous les chemins

éparpillés par le hasard

Les mots deviennent poudreux

tels de grands papillons tout gris ,

de pâles papillons de nuit

aux battements d’ailes criards.

Des gondoles glissent sur l’air

et lissent soudain

la pensée.

 

A quoi rime de ne dormir

sinon pour rester éveillé

en une attente de veilleur

vrillé par sa propre surprise ?

 

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor :

En principe , l’insomnie n’est pas liée à une saison particulière .Mais nous sommes d’accord avec la poétesse qu’en une nuit d’été  , qui est le plus souvent  suffisamment éclairée  , le champ de  vision du veilleur est traversée par des  phénomènes optiques tels que les spectres , les silhouettes et des semblants de lumière qui contribuent à stimuler son imagination dans deux directions possibles : la peur pour les superstitieux et la contemplation créative pour ceux qui jouissent d’une sensibilité effilée et de grandes capacités attentionnelles et imaginatives .Appartenant incontestablement à cette deuxième catégorie – ce que prouvent  tous ses écrits précédents- , l’auteure ,nous a gratifié d’un flot d’images  absolument inédites dignes  du grand Edgard Allan Poe .Et vous n’avez qu’à vous en rendre compte par vous-mêmes : Les nuits béantes de l’été aboient leur musique à la lune / Les cercles d’ombre ont profil bas mais également échine souple comme en la danse du totem/ vient un instant écarquillé où convergent tous les chemins éparpillés par le hasard…) et je  me contente de citer ces trois exemples  sinon je recopierai la totalité du poème .Passons , à présent , au contenu sémantique du texte .Les images  perçues par la locutrice  laissent filtrer un ensemble cohérent dont les éléments constitutifs sont distribués sur deux niveaux qui se rejoignent : d’un côté des éléments appartenant au champ de vision qui est ,  de par sa nature  , externe et entretenant entre  eux des relations   tendues ou mystérieuses  voire magiques  ( nuit / lune – ombres / position basse – instant / chemins  )  et l’autre l’être de la veilleuse  et le monde extérieur  dont les relations qu’ils entretiennent sont du même genre .Ce qui exclut  une dimension  romantique , en raison de l’absence d’accord mutuel et nous fait opter pour une dimension existentielle .Et dans ce cas  , les images perçues et décrites par la locutrice nous apparaissent comme  les résultats d’une projection de  son  état d’âme sur le monde extérieur  existentiellement défini  par Sartre et consorts comme inerte ,  amorphe  et calfeutré dans un isolement total par rapport à l’être humain . Un excellent texte Patricia ! Bravo !

 

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