Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 6 – Les poèmes de Solène de Lam :6 -13 : Vie et mort sont parties

Vie et mort sont parties
Pleines de mélancolie
Elles  ont quitté leur nid
Au loin, se sont enfuies…
Plus de peine ni de joie
Ni dehors ni chez toi
Ni à Dieu ni au roi
Plus de paix ni de foi…
Vivre devient sans goût
Et mourir devient fou
Si on peut faire partout
Le mal autour de nous…
Et sans éternité
Nous serions sans pitié
Adieu la liberté
Adieu l’égalité…
Prions pour l’avenir
Pour mieux nous souvenir
Qu’il faudra revenir
Du chemin des plaisirs…
Quand ma fin sera là
Retournant sur ses pas
Elle ne me dira pas
D’espérer l’Au-Delà…
Je pleurerai, c’est sûr
Ainsi est ma nature
Mais j’aurais fière allure :
La vie est mon armure...

 

Cette poétesse qui écrit des poèmes pour la plupart très osés et les publie presque en cachette sauf à ses amis intimes, afin de ne pas choquer les lecteurs conformistes, a été violemment ébranlée aussi bien psychologiquement qu’intellectuellement par les crimes horribles perpétrés le 13 novembre 2015  dans sa ville natale :Paris .Et depuis ce jour , elle n’écrit que des poèmes d’un genre qui lui est inhabituel où l’émotion et la réflexion se mêlent fortement, au point où la structure du texte s’en trouve affectée .Et cela se manifeste clairement dans ces débris d’idées qui assaillent son esprit sans cohérence apparente, bien qu’elles naissent toutes d’un noyau sémantique homogène :le caractère irrationnel de l’existence.
Si nous regardons maintenant le texte de plus près, nous nous trouverons en face d’une âme féminine attachée à la vie d’ici-bas et surtout aux plaisirs passagers qu’elle lui offre , submergée, tout d’un coup, par le désespoir (Ni dehors ni chez toi/ Ni à Dieu ni au roi/Plus de paix ni de foi…/Vivre devient sans goût/Et mourir devient fou – Adieu la liberté/Adieu l’égalité.) et amenée à se poser des questions d’ordre métaphysique auxquelles elle n’a jamais pensé ,mettant en relation le ciel et la terre ,Dieu et l’homme,ici-bas et l’au-delà… Mais ce qui constitue le point le plus fort de ce poème est que la désorientation dans laquelle la poétesse ou plutôt sa locutrice a plongé n’a duré que l’espace d’un court moment d’émotion avant qu’elle ne se ressaisisse et prenne rapidement une décision tranchante : le retour à la vie et à la terre( Prions pour l’avenir/Pour mieux nous souvenir/ Qu’il faudra revenir/Du chemin des plaisirs…- Je pleurerai, c’est sûr/Ainsi est ma nature/Mais j’aurais fière allure :/La vie est mon armure…). Ce qui est , en fait, le meilleur moyen pour vaincre les adeptes de la culture de la mort, car il leur fait sentir l’inefficacité de l’arme dont ils se servent pour combattre la vie : l’opération suicide.
Stylistiquement, le thème abordé n’a pas nécessité la recherche d’images “décoiffantes”, du fait que  la forte charge émotionnelle portée par le texte est, à elle seule, suffisante pour tenir le lecteur en haleine, en plus du rythme externe( les rimes systématiques  ) et  interne intense engendré par le parallélise, la répétition et l’asyndète .Enfin, bien que ce genre poétique soit pour l’auteure, tout à fait nouveau, elle n’a nullement démérité. Bravo Solène !

 

 

Un commentaire

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    Mohamed Salah Ben Amor

    Ginama Saidani Vie et mort un paradoxal bien lié! Belle plume avec une petite pointe d’humour noir, Merci pour le partage

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