Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :40– Les poèmes de Laurent Mourot-Faraut :40-8 :Demain n’existe pas…

Laurent Mourot-Faraut

 

 

 

A quoi peut bien servir tout ça,

Si je dois parcourir les routes,

Pour qu’elles me dévorent,

Pour qu’elles me déroutent ?

J’en redemanderais encore,

Si j’avais connu tes bras,

Si l’on s’était enlacé,

Ne fut-ce qu’une fois ?

Oh oui, j’en redemanderais encore,

Si j’avais connu tes lèvres,

Un jour au bout d’un chemin .

A quoi peut bien servir tout ça,

Si je dois trahir mon destin,

Pour qu’il m’offre à toi,

Juste avant de me pendre,

Au fil de tes lumières,

Au-delà du printemps, seulement,

A quoi peut bien servir tout ça,

Si toutes mes larmes sont en déroute,

Pour te raconter tout ça,

Tout au bout du chemin,

Là où passe le temps des lendemains ?

A quoi peut bien servir tout ça,

Si je dois parcourir ton corps,

Pour qu’il me dévore,

Pour qu’il me déroute ?

J’en redemanderais encore,

Si j’avais connu tes charmes,

Si l’on s’était embrassé,

Comme le font des amants ivres,

Qui font l’amour avec un livre,

Des rimes à la main, qui font tourner la tête,

A quoi peut bien servir tout ça,

Si tu ne me reconnais pas ?

A quoi peut bien servir tout ça,

Si je dois marcher sans toi, tu comprends,

Je ne peux plus me passer de toi,

Demain est comme avant,

J’ai besoin de te sentir comme dans mes souvenirs,

Ceux que je ne connais pas,

Et qui sont bien plus beaux que tout cela,

A quoi peut bien servir tout ça…

 

Être poète amoureux ne suffit pas  être qu’un excellent séducteur , car  la séduction des filles d’Eve est tout un art qui exige comme tout autre art des talents. En effet, la conquête d’un cœur , contrairement à celle d’un territoire , ne se fait jamais  au moyen d’une armée mais par le biais d’une technique adéquate  dont ne connait le secret qu’une élite très restreinte de fils d’Adam .

Rompu aux techniques les plus subtiles de ce vieux et  très délicat art , l’auteur de ce poème ne trouve aucune difficulté d’imaginer la solution qu’il faut pour chaque cas,  comme nous le voyons dans ce poème où il a affaire à une nouvelle conquête (j’en redemanderais encore, si j’avais connu tes bras,si l’on s’était enlacé, ne fut-ce qu’une fois). Et le stratagème qu’il a choisi  pour s’approprier le cœur de cette nouvelle dulcinée est de lui faire croire  qu’elle requiert à ses yeux la plus haute importance qui soit et  que tout au monde   perdrait à ses yeux toute valeur s’il continuait  à être privé de ses charmes (à quoi peut bien servir tout ça si  : 7 fois  ) . Ce à quoi est sensible toute femme,  car c’est  pour le sexe dit faible  la vraie et unique marque d’amour . Côté stylistique , le poète a intensivement exploité ce noyau sémantique en en générant une longue série de phrases  interrogatives complexes ayant la même structure  dont la répétition  qui lui  a servi aussi d’élément rythmique interne . Et comme à l’accoutumée, il a usé à outrance de l’hyperbole pour mettre cette fois en valeur  son état malheureux  en l’absence de cette bien-aimée qu’il ne connaît encore que de loin . Bravo Laurent ! Toujours égal à toi-même !

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