Deux poèmes de Maissa Boutiche – Ain Benian – Alger- Algérie

Maissa Boutiche

Errance

Je ne fais que passer et repasser

Dans les poches de ma mémoire, mes souvenirs

Les bleus de mon enfance et la gaieté de mes quartiers 

Où les enfants malgré les temps durs riaient et dansaient

Quand  aux adultes amoureux avec leurs rêves

Entre les coquelicots et les fougères, rêvassaient.

Je ne suis là que pour une courte visite

Humer l’odeur de mon home

De  l’élan de mon cœur,

Toucher ses vieux murs silencieux, les embrasser …

Je ne fais qu’une escale tel un matelot voyageur

Afin d’estomper mes séquelles

Et revivre les moments de joie, de diablesse enfantine,

Remémorer l’innocence qui était Reine,  jadis…

Oh rêves roses, bleus et bleus et amour absent !

Qu’en est-il de la beauté de ma ville,

Ses nuits romantiques et paisibles

Et ses tenues qui caressaient les chevilles ?

Qu’en est-il de ses traits qui à leur passage par respect

Telles des ombres,  s’effaçaient ?

Oh terre de mes aïeux, apaise mon errance,

Parle au temps qui n’est plus clément

De mon cœur d’enfant !

Dis-lui qu’en est de cet amour ?

Siège-t-il encore toujours au mont de ma ville

Où s’est lui aussi effacé ?

Qu’en est-il de ses amours ?

Dessine-t-il encore sur les troncs des arbres centenaires

Deux cœurs par une flèche transpercés ?

Y a que les grands qui sont anonymes !

Y  a que les grands qui sont anonymes !

Elle est là, elle est ailleurs

Savourant sa vie en solitaire.

Au son de son pas, bat son cœur

Fou amoureux et si rêveur

Mère, terre et sa bleue

Couleur d’azur, regard de son défunt père

Elle est là, s’assied par terre,

Sort de son sac son vieux miroir,

Enlève son foulard, le jette en l’air,

Hume profondément l’odeur de sa terre

Se dit tout bas avec un sourire :

Ya que les grands qui sont anonymes !

Elle n’est pas Grande, mais bien dans sa peau,

Dans le souffle du vent, elle se sent mieux,

Suit son chemin en rasant les murs,

Silhouette frêle, regard timide,

Solitaire avec sa plume

Griffonne des aquarelles sur les murs.

Elle se sent nulle et parfois rien du tout

Même pas une goutte dans sa belle bleue

Pas même un grain de sable, sur sa terre brune.

Sourire amer, aux coins des lèvres

Mais comme les Grands, elle ne regrette rien.

Elle est anonyme, mais si sensible

A la moindre brise, elle est éprise.

Elle est là, vit et existe

Dans son monde de solitude.

Elle suit son rêve qui est la sève.

De la source de l’amour, elle s’abreuve,

Assouvit sa soif de ses odes et ses beaux rêves

Dans son regard l’amour déborde.

Venue la nuit, la lune la borde

Elle lui narre, elle lui conte

Son plus beau rêve de femme de l’Algérie profonde !

9 commentaires

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    Bravo Maissa

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    C’ est agréable de se rémémoriser son enfance….. très beau partage et magnifique poème qui éveillent le bon souvenir vécu de la vie. Merci mon amie et douce soirée.

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    Joli poème comme toujours, bien exprimé et déposé avec talent.
    Bonne soirée ma belle

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    Ahhhh!!!la nostalgie qui est une maladie incurable.Merci Maissa pour ces deux perles

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