Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :34–Les poèmes de Marie Funck:34-2:Les muses du Poète

Marie Funck

 

Les muses du Poète orientent

Ce qui fut, ce qui est, ce qui sera.

La plume glissant, elles contemplent

Le tracé de l’évolution des volutes ici-bas.

 

Infiltrant les âmes esseulées,

Elles conservent une part damnée,

Celle qui vous donne à rêver

Pour ce chemin de liberté.

 

De la joie dans une musique douce

Elles vous hypnotisent sans secousse,

Vous percevez l’apaisement heureux,

L’instant où coule le baume chaleureux. 

 

Vos maux sont apaisés,

Vos peines sont calmées,

Votre cœur vit l’apothéose,

Votre corps se révèle en osmose.

 

Voyez comme elles inspirent aux poètes des chants merveilleux, de ceux qui vont vous rendre radieux.

Désaltérez-vous à la source de la vie, captez les sentiments infinis.

 

Il n’y rien de mieux pour faire la connaissance de cette poétesse qui nous a honorés de se joindre à notre groupe que de commencer par lui lire un poème-manifeste dans lequel elle définit  la poésie et exprime son point de vue sur sa nature et sa fonction. Concernant la nature de ce vieil art linguistique, elle adopte la conception des Anciens selon laquelle la poésie émane d’une source inspiratrice suprasensible qu’ils imaginaient sous des formes mythiques diverses dont le “djin” qui veut dire dans les langues sémitiques “le diable” et duquel  dérive  probablement le mot génie ( en grec géneia ) et les fameuses Muses  citées dans la mythologie grecque .Les neurosciences , elles, l’attribuent à  une source psychique ou mentale  non  encore identifiée et qui pourrait être la même zone de l’irréel à laquelle appartiennent  l’imagination et la folie  (  infiltrant les âmes esseulées, elles conservent une part damnée, celle qui vous donne à rêver pour ce chemin de liberté) .Quant à Freud, il la lie à l’instinct de mort qui  réside dans l’inconscient , ce qui lui donne une dimension affective ou psychologique,d’où la sensation d’assoupissement et de calme ressentie au moment de l’écriture, semblable à celle qu’éprouve le mourant qui s’apprête à se débarrasser du fardeau pesant de la vie terrestre  (vous percevez l’apaisement heureux, l’instant où coule le baume chaleureux.  vos maux sont apaisés, vos peines sont calmées, votre cœur vit l’apothéose, votre corps se révèle en osmose)  .En plus de ces deux aspects :mental et affectif inhérents à l’acte poétique, l’auteure se penche aussi sur  le poète et le récepteur de poésie .Le premier se distingue , grâce à sa source inspiratrice, par sa vue globale du temps et de l’espace (les muses du Poète orientent ce qui fut, ce qui est, ce qui sera  ) et son retrait par rapport au monde(les âmes esseulées ) , son brin de folie artistique(elles conservent une part damnée, celle qui vous donne à rêver ) et sa quête interminable de liberté dans un monde d’interdits et de frustrations  (pour ce chemin de liberté ).Quant au lecteur ou auditeur ,il n’a qu’à cueillir les fruits de cette expérience unique  vécue par le poète,  en se délectant des jouissances qu’il lui offre ( voyez comme elles inspirent aux poètes des chants merveilleux, de ceux qui vont vous rendre radieux. Désaltérez-vous à la source de la vie, captez les sentiments infinis).

Un manifeste poétique finement ficelé comportant une ligne de conduite bien définie aussi bien pour les poètes que pour leur public  .

 

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