Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 29–Les poèmes en duo d’Elena Martinez et Mohammed El Qoch:29 -1: Terre…!

Elena Martinez et Mohammed El Qoch

 

TERRE fissurée, délabrée

RÊVES avortés CIEL élimé,sans lune

OISEAUX englués ARBRES qu’on déplume

Le FRUIT aux aguets

Soubresaut d’éternité

 

Des LARMES d’enfants cascadent

Le long de joues balafrées

Que de tendres MÈRES

Aux mains blanches, livides

Essuient chaque NUIT

 

Et nous contemplons le CIEL

Aucune AVERSE en vue

Que du plomb étincelant

Qui gicle le feu et le sang

Et la PEUR omniprésente de l’inconnu

 

Nous nous cloîtrons dans l’OMBRE

De ce CAUCHEMAR où pas un bruit

Ne se fraie un bout de chemin

Pour construire nos lendemains

 

Et pourtant les roses sont si belles

Si HARMONIEUX le chant des baleines

Si limpide le miroir de tes yeux

Et pourtant le rire clair d’un poupon

La poursuite inlassable des saisons

Qui portent en elles la myriade de nos illusions

Et la CLÉ pour ouvrir nos consciences

Aux possibilités d’une NOUVELLE existence

En respect avec notre nature profonde

Et toutes celles qui réclament de NAÎTRE au monde

Sans craindre d’être exterminées

Portant bien haut l’étendard de la LIBERTÉ

 

Le poète marocain Mohammed El Qoch a cette particularité d’écrire parfois en solo et parfois en duo .En duo ou à quatre pattes , il le faisait dans le temps avec la poétesse française Maryjoe  Cassandre Danton et depuis plus d’une année , il a changé de campagne de route , en s’associant à l’hispano-canadienne Elena Martinez . Et il faudra un jour tenter de voir la différence, aux deux niveaux du style et des thèmes, entre ce qu’il écrit seul et ce qu’il produit avec une autre personne . Dans  ce nouveau poème , le thème que le second duo aborde , en l’occurrence la situation inquiétante qui prévaut dans le monde , leur est habituel parce qu’ils l’ont traité dans  un ou deux poèmes précédents . Et il constituerait ainsi l’un des traits d’union possibles entre les deux partenaires, du fait de leur appartenance à deux cultures différentes . Et rien de mieux, dans de telles associassions, que l’aspiration commune aux idéaux universaux et aux grandes valeurs humaines , ce que l’on voit clairement dans ce  poème où les deux auteurs brossent un tableau désolant  de l’atroce situation dans laquelle se débat l’humanité , s’inspirant , peut-être inconsciemment , de la fameuse thèse de Rousseau selon laquelle « l’homme naît bon, c’est la société qui le corrompt “. Et pour ce faire , ils ont construit le poème en deux parties distinctes : dans la première,  qui est massivement descriptive , ils ont eu recours au procédé de l’accumulation , en faisant déferler une cascade d’ images sombres et sordides  évoquant la situation en question  et dans la seconde qui est , par contre , argumentative, ils ont inséré  la cause profonde de cette misère noire qui est l’éloignement de l’état naturel  , le seul garant du bonheur terrestre . Et dans cette deuxième partie , le duo a usé du même procédé de l’accumulation ,  en entassant une série d’images expressives à un rythme très rapide , ce qui a eu pour effet de créer dans les parties une impression de profusion qui n’est autre , en fin de comte , qu’une forme indirecte d’amplification ou d’hyperbole . Enfin , bien que le contenu de ce poème soit centré sur le côté émotif pur  , l’arrière-fond duquel il a émergé est nettement  intellectuel , ce qui le rattache à la poésie de pensée ou à la pensée poétique .

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*