Les entretiens de « Culminances » :18- Avec le poète français Bernard Fouché

Bernard Fouché

Qui est Bernard Fouché ?
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Bernard Fouché est né en France. Spécialisé ou presque dans la poésie de réflexion, il porte dans la plupart de ses poèmes un regard critique et scrutateur sur les questions brûlantes qui tracassent l’Homme à notre époque, imputant les problèmes qui secouent le monde à la faiblesse de l’âme humaine et son incapacité de freiner ses passions. D’où la dimension éthique et philosophique de ses préoccupations. Stylistiquement, le caractère insolite des idées maîtresses desquelles il génère ses textes, le foisonnement d’images multicolores, la cadence rythmique élevée malgré la simplicité de la langue constituent les traits les plus saillants de son écriture.

 

 

Question1 : Commençons par ce pseudonyme insolite mais noble « le berger » qui renvoie à la vie pastorale pure mais qui a aussi une forte connotation religieuse, vu que le prophète Mahomet avant qu’il n’eut la révélation divine était berger. Pouvez-vous nous dire pourquoi avez-vous choisi ce pseudonyme et pourquoi éprouvez-vous le besoin de signer avec un autre nom que le vôtre ?

Bernard Fouché :Pour faire simple, ce sont mes rencontres avec deux femmes qui vont définir l’intégralité de mon pseudo « Chance Le Berger ». C’est au cours d’une période noire de ma vie, encombrée par deux A.V.C., que j’ai fait la première rencontre, celle d’une jeune Marseillaise qui m’a fait comprendre que j’étais encore un homme ; vu ma situation géographique, elle m’appelait « le berger ».
Ensuite, j’ai eu la chance de rencontrer une femme exceptionnelle ; c’est elle qui, la première, s’est intéressée à mes textes, les relisant, corrigeant et m’expliquant ce qui pouvait être amélioré. Elle m’a toujours encouragé…Pourquoi j’ai gardé ce pseudo ? Mes textes étaient tellement lugubres que personne n’avait besoin de savoir que Bernard était malade. Quelle Chance !

Question 2 : La personne qui parle dans vos poèmes semble avoir une âme campagnarde pétrie d’authenticité et de bonté et qui a horreur des avancées nuisibles de la civilisation  moderne. Est-ce une simple impression ou y a-t-il quelque chose de vrai dans cette sensation ?

Bernard Fouché :Je suis très attaché à l’endroit où je suis né et, après avoir vécu plus de quarante années à Paris et en région parisienne, je suis revenu dans mon village natal, espérant y finir mes jours entouré de poésie… Je suis très pessimiste quant à l’avenir, sûrement trop. La terre future, je la vois remplie de robots, mais respecteront-ils pour autant la nature ? Qui peut survivre sans elle ?

Question3 : Votre poésie laisse entrevoir deux personnalités totalement différentes l’une de l’autre : un intellectuel préoccupé par des problèmes qui secouent son environnement immédiat et le monde et un romantique plongé dans son univers intérieur et épris jusqu’à l’ivresse de beauté et de nature. Êtes-vous conscient de ce dédoublement ?

Bernard Fouché :Merci cher Maître, mais je ne suis pas un intellectuel. Il est vrai que, dans ce monde, les gens sont plus préoccupés par leur couleur, leur sexe, leur religion, leur travail, leur richesse que par l’avenir des générations futures. D’ailleurs, dans le même ordre d’idées, il me revient à l’esprit la fin d’un de mes poèmes (Humanité, je ne t’aime plus)…

Quant à la nature, il s’agit, pour moi, d’une priorité absolue. C’est à elle que nous devons la Vie et, pour qu’elle perdure, il convient de la protéger.

Au sujet de la double personnalité, oui, j’en suis conscient. Être père, par exemple, est bien plus difficile que d’être électricien, plombier, politicien, écrivain… Expliquer à ses enfants d’être moins consommateurs quand on a été soi-même un sur-consommateur et, in fine, responsable d’une partie de la misère du monde se révèle être une tâche ardue…. Être « poète », c’est autre chose, une sorte d’exil volontaire dans un autre univers, surtout quand on se laisse emporter par les vagues amoureuses…

 

Question 4 : Dans le premier, la poésie que vous écrivez est du genre appelé « poésie de réflexion » et le ton qui la caractérise est le ton dénonciateur et contestataire. Ne pensez-vous pas que les maux que vous dénoncez découlent de la nature humaine (cupidité, racisme, agressivité, égoïsme, haine  …) et que les moralisateurs sont donc mieux placés que les poètes pour les combattre ?

Bernard Fouché :J’espère que la nature humaine, malgré ses côtés pervers, sait encore être amoureuse d’un son, d’une couleur, d’un chant, d’un oiseau, d’un enfant et des roses… Quant aux débats entre les moralisateurs et les poètes, je ne suis pas suffisamment philosophe pour en avoir une idée précise… J’ai tout même remarqué que les moralisateurs et les poètes sont souvent les mêmes… Jean de la Fontaine (La cigale et la fourmi), Voltaire et Le loup moraliste et tant d’autres ! La liste est longue…

Personnellement, je suis plutôt pour une morale civique tant qu’elle enseigne le respect de soi, le respect des autres, le respect de ce qui nous entoure et le respect de la vie sous toutes ses formes.

 

Question 5 : Le grand poète palestinien Mahmoud Darwich avait dit « J’ai longtemps cru que la poésie peut changer le monde mais j’ai réalisé à la fin qu’elle ne peut changer que le poème ». Qu’en pensez-vous ?

Bernard Fouché :Si j’en crois mon expérience, moi qui réécris et revisite sans cesse mes propres textes, c’est une évidence. Ne voyez là aucune ironie. Beaucoup d’entre nous désirent que le monde dans lequel nous évoluons change. Mais le souhaiter ne suffit plus. Il faut passer des intentions aux actes et commencer par modifier notre propre comportement vis-à-vis des autres. C’est là la genèse de tout changement. Ensuite, il faut laisser la chaîne se dérouler…

Question 6 : L’Occident a créé les calamités de l’esclavage, du colonialisme et de l’impérialisme et l’Orient  a réagi en créant  l’ogre du terrorisme. Ces deux mondes peuvent-ils selon vous, en tant que poète universaliste et humaniste occidental, se comprendre un jour et coexister pacifiquement ?

Bernard Fouché :Vaste question que celle-ci ! Si un jour la Paix arrive, et je l’espère pour les futures générations, c’est qu’enfin l’homme aura mis fin à la cupidité de l’économie et au fanatisme religieux. Je sais, c’est très simpliste et j’entends déjà les intellectuels et les philosophes me dire que c’est plus compliqué et plus profond que cela. Je leur répondrai alors par cette citation de Martin Luther-King : « J’ai fait un rêve. ».

Question 7 :Vous êtes préoccupé aussi dans votre poésie  par les contradictions qui traversent la société française en particulier et occidentale en général et qui se traduisent par l’exploitation abusive de la main-d’œuvre, la cherté de vie, le chômage des jeunes, la corruption …etc.).Le roman n’est-il pas mieux approprié que la poésie dans le traitement de ces sujets ?

Bernard Fouché :Tous ces problèmes sont strictement politiques et financiers. La plupart des hommes politiques sont des énarques, donc très instruits, mais sans volonté réelle de vouloir changer les choses. Le système économique leur va très bien. Je n’en connais pas de pauvres. C’est pourquoi j’encourage tous les jeunes à devenir sénateurs ! Le train a l’air si paisible qu’à plus de quatre-vingt ans certains n’en sont toujours pas descendus… Pour sauver les entreprises en difficulté, il faudrait remplacer monsieur Profits par monsieur Partage. En France, on ne dit plus ministre, mais taxeur, taxeur de chemise, taxeur de pantalon et le peuple est à poil… Je préfère la satire d’un petit texte à la complexité d’un livre…

Question 8 : Vous faîtes partie de notre sélection poétique mondiale et vous avez lu l’anthologie qui a regroupé les membres de cette sélection avec des choix de leurs poèmes. Comment l’évaluez-vous en toute sincérité ?

Bernard Fouché :Dans un premier temps, je tiens à vous remercier d’avoir intégré quelques uns de mes textes à cette anthologie internationale et d’avoir commenté et traduit certains de mes poèmes.

Dans un deuxième temps, je suis conscient du travail colossal qu’a représenté la création de cette sélection. Pour autant, je ne permettrai pas d’en juger la valeur. Sa richesse réside, entre autres, dans la multitude des auteurs et j’ai pu découvrir des poètes d’autres horizons. Avec cette anthologie, vous avez démontré que la poésie est une liberté d’expression qui n’a pas de frontières.

Question 9 :Je ne vous vois pas participer à des rencontres poétiques ou à des activités littéraires dans votre région. Pourquoi cet isolement ? Est-il dû à la satisfaction que vous trouvez dans le réseau de Facebook ?

Bernard Fouché :J’ai assisté par curiosité à deux rencontres poétiques et je m’y suis ennuyé, incapable que je suis de participer. En vieillissant, je suis devenu casanier, sûrement parce que je vis seul depuis plus d’une décennie. Je parle bien « de vivre seul » et non de solitude, car j’ai la chance d’avoir mes enfants et petits-enfants proches de moi. Quant à mon petit réseau Facebook, il me suffit. Je ne cherche pas à l’étendre à tout prix, comme je ne cherche pas l’aura…

 

Question 10 :Quels sont vos projets proches et lointains ?

Bernard Fouché :Suite à mes anciens problèmes cérébraux, il est vital pour moi d’écrire au moins un texte par jour. À moyen terme, j’aimerais rassembler tous mes écrits et en faire un ensemble cohérent. J’ai encore un petit rêve au fond de mon esprit : un partage poétique avec une dame.

Pour finir, je vous remercie de vous être intéressé à quelques uns de mes textes et de ne pas me tenir rigueur de la simplicité de mes réponses. Enfin, permettez-moi de vous souhaiter,  à vous que je sais très pieux, que Dieu vous garde…

 

 

Un commentaire

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    Très cher Bernard, très cher Mohamed,
    Si vous saviez comme je me suis senti proche des pensées, de la vision des choses qu’à notre ami poète Le Berger. Merci vous deux, pour bel échange tout simplement, quand c’est sincère il est inutile de mettre des mots fioritures.
    Bien à Vous.
    Rémy Ducassé.

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