Quatre nouveaux poèmes de Fatima Maaouia -poète tuniso-algérienne -Tunis

Fatima Maaouia

Printemps
Je sens les bourgeons 
Le printemps …
Je suis sûre que l’hiver 
Va passer révolu derrière.

Je ne suis plus à terre
Je capte la lumière 
Je ne suis plus tronc échoué de jadis et naguère 
Balayé par les mers
La lune rêveuse me suit à présent
Je suis dans ses paupières

Traité Vivant par les ans
Le soleil, le sel, la pluie et les vents…
J’ai mis un arbre 
Inaltérable 
Vert
Dans mon cœur
Qui monte en hauteur…
D’ailleurs, je suis fleur

 

Pédigrée
À en croire divers 
Statuts
Qui prolifèrent
Pendant que se raréfie l’air 
Que de facebookers
Mériteraient statues
Médaille 
Vermeille
Bronze or, diamant, 
Platine, soie, dentelle, satin, velours ou fer…
Maman !
Pan ! Pan 
Ci-devant, ci -derrière 
Tous leurs parents
Se seraient battus comme lions 
En souliers de vair
Pour libérer la terre.

La  maison sous la pluie…

 

Avec quelle malveillance 
Pluie et vent
A l’affût 
Entraînés à gifler, 
Noyer et gommer cités et champs, 
Affluent 
En rangs 
Frappent de front 
La maison dos rond
Pieds gonflés 
Assignée à résidence
Depuis sa naissance 
Qui fait de la résistance

Il pleut si fort
En continu
Si tenu, si tenace
Sur le corps de la maison nue
Sur place
Lasse de faire du surplace à bord

Criblée sans arrêt d’aiguilles
La maison 
En pâte blanche
Aux arrêts 
Depuis des jours et des nuits
Sans parapluie 
Et sans bâche 
En garde à vue 
Sous la pluie
En pâtit…
Si fort, si fort
Que corps dilué …

Du jamais vu !
Décolle
Du sol …
Mettant à nu
Son rêve oublié 
Envie de respirer ailleurs
Prendre un jour son envol
Voyager
Se venger 
De la pierre
En emmenant d’ailleurs à la mer ses locataires :
Les femmes et enfants d’abord
Pour les soustraire à l’enfer 
De l’ennui de la dalle, 
De la télé et du capital 
Qui avaient tout bonnement juré de régler leur sort

Lentement 
Descellant toute seule
Ses ailes
Telle 
Immense mouette, toutes amarres rompues 
Mue 
Par je ne sais quel ressort secret
Toutes fibres dehors 
Aiguisées…
Émue et grisée
Par sa cargaison d’or 
Sans visa ni passeport
La maison s’en va vers le port

Dessin Faouzi Maaouia


Poisson d’avril
Je cherche depuis hier
Le nom 
De ce poisson fragile
De ces terres
Exsangues 
Et rouges
Ex Croissants fertiles, 
Ou personne ne bouge
Que j’ai sur la langue
Et qui s’est noyé, enfant, 
Yeux mouillés dans le sang de la mer …

Je ne l’ai pas retrouvé 
La mer l’a couvert
Ainsi que sa mère et son père 
D’ailleurs 
Que nulle frontière n’accueille
Avec des fleurs
A bras ouverts 
Et ne tolère

Par contre, j’ai trouvé
Que le sel 
De son ventre, sans jambe, sans linceul Poitrail 
Tel gouvernail
Entrouvert
Dans l’antre de la mer
Sur d’inconnues frontières 
Qui regarde yeux grands ouverts
Le monde vaquer à ses affaires…
Était plus amer

 

Dessin Faouzi Maaouia

Un commentaire

  1. Avatar

    Le mélange poème-dessins est toujours inattendu !

    Merci de nous faire voyager dans vos créations

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*