Trois nouveaux poèmes de Maissa Boutiche – Alger – Algérie

Maissa Boutiche

Il y avait jadis des rivières

 

Il y avait jadis des rivières où l’amour coulait, intarissable

Et des pistes de terre, infranchissables.

Il y avait des regards durs et perçants, impénétrables.

De l’amour silencieux, nous sommes redevables

Et un amour dans leurs traits qu’on ne peut, ni lire, ni déchiffrer…

 

Il y avait des règles d’obéissance qu’on respectait

Et des chemins inabordables

Qu’on ne pouvait emprunter…

 

Il y avait un temps, des saisons, des ans

Et un passé

A la mémoire respectable,

Aux sentiments incontournables

Et des lois indiscutables

Où l’amour était Vizir

Et à qui, corps et âmes,

Nous étions fidèles et dévouées.

On savait au fond de nos cœurs

Que dans leurs sentiments enfouis

Ils nous chérissaient…

 

Oh rivière des sentiments taris,

Tes sentiers sont devenus bosseuses

Impraticables

Et le temps d’un instant

Tout a disparu!!!!!!

 

Je suis ainsi dans les yeux de vie

 

Je suis ainsi dans les yeux de vie

Et dans le regard Monarque du monde

Du nord au sud, de l’ouest à celui dont je suis innée,

Ces hautes plaines de l’est

Qui ont tatouées ma peau,

Mon âme et mon cœur

Et tout ce qui reste.

Elles ont enfanté en moi des mots où l’amour

Sculpte en lettres…

 

De cette belle aurore qui sort de son royaume

Derrières les monts et collines majestueuses de l’est,

Se déferlent les reflets des nattes d’or

Du soleil qui dans les bras de la vie

Mélomane

Besogneuse

Rêveuse et romanesque, se jette…

 

De mon âme qui se perd dans un présent qui bouleverse

Et de mon passé royal et si simple,

Je me parfume de mon encre,

Je me fais belle sur mes feuilles blanches et vierges.

Je hisse les voiles et lève l’encre.

Je m’’aventure

Sur la poitrine du temps, je sculpte et je chante

Accompagnée du violon du vent de l’est…

 

Je suis à limage de moi

De ma solitude

Et de mon errance

Une étoile à l’ombre du temps qui file les moments douloureux

Et d’autres romanesques,

Panse pour apaiser les séquelles de sa souffrance

Pour se délivrer du poids, du cri qui étouffe

Et tout le long de mon voyage,  je poste

Aux cœurs souffrants comme moi, mes lettres.

C’est parfois utile de tomber

 

C’est parfois utile de tomber,

D’arroser de ses larmes et de son sang la terre,

De se relever de ses chutes

Pour façonner des pots en semant des fleurs

Même si on est à mort,  blessée…

 

C’est parfois nécessaire d’avoir peur,

De sentir son cœur comme un oisillon palpiter,

De se réfugier cœur et âme,  dans la prière

Et de remercier Dieu d’être là en vie…

 

C’est parfois salutaire de goûter au cocktail

Que nous offre le temps qui manufacture  en nos ans ,

De s’allonger près d’un cœur de pierre

De se consumer de ses soupirs

En étreignant le gèle de l’oreiller,

De se réveiller le matin comme une guerrière,

D’épouser ses rêves et continuer seule, le chemin

Sans se retourner …

 

C’est parfois utile d’apprendre  du choix de notre cœur

Qui s’est dans le temps trompé,

De gouter à ses échecs et de ces derniers tisser une passerelle

De rêves inaccessibles, mais qui nous rend heureux, 

Même si c’est trop tard de corriger ces erreurs.

Il suffit d’apprendre à son cœur de ne plus succomber

Quand on vous jette des fleurs à travers les fenêtres

Barricadées de fer, d’être une sentinelle

Et ne plus se fier à l’amour du beau avorteur

Ne plus tomber dans sa gueule de loup…

 

C’est parfois indispensable de se sentir seule

Car cela  nous permet de se poster sur la croisée des chemins,

De  scruter l’horizon même si on a plus le cœur.

De rêver que demain sera peut être, meilleur…

 

Mais ce qui  est difficile, c’est de n’avoir jamais pu oublier

La déchirure de l’amour qui me fait si mal d’ailleurs,

Fait  saigner à mort mon petit cœur qui cache sa douleur.

Alors, 

Ne me reste que les mots qui parfument

Mes pages usées et je m’exerce  à cœur ouvert

Vaincrais-je peut-être où jamais un jour toutes mes misères

Et le génocide envers mon Je au féminin.

Je sais que ma douleur sera là chaque jour sur la margelle de ma fenêtre

Jusqu’à ce que je quitte la demeure

Nain et sera pour la vie,  mon statut.

 

5 commentaires

  1. Avatar

    Tu nous offres toujours une agréable lecture dans tes poèmes qui sont toujours intenses de sensibilité, de douceur, de tendresse et de couleur. Que des jolis mots très bien écris et déposés avec talents. Je t’admire mon amie, Merci et continues à nous enchanter, c’est toujours agréable de te lire. Bravo chère Maissa et gros bisouuuuuuu

  2. Avatar

    Merci Nouara Salsabil, ton amitié est rai. Tendres pensées.

  3. Avatar

    Tes poèmes relèvent de l’école de la vie… Oui, tes poèmes puisent leurs valeurs du beau milieu de la source de la vie, cette grande école !!! École où l’on apprend tout, même comment déceler les symboles et les odeurs de l’ « Amour »… Tu nous as étalé pas mal de leçons comme : La valeur de l’appartenance, de la patience, de la fidélité et de la persévérance, de l’espoir, du rêve et de l’imagination fondateurs, du cri libre et libérateur… Tu nous rappelles même les règles et les lois des mœurs et des coutumes, tu nous dresses comme statue la morale de jadis et le top-modèle de l’être honnête sous une remise en question … Tu nous soulignes même l’utilité et l’importance de « tomber » et de « se relever » tout de suite après pour redémarrer et avancer dans une autre « allure » autre marche qui tend vers la vie dans une autre perspective, autre vision prometteuse, même si nous sommes à bout de force, presque agonisant… Tu vois même en la nécessité d’ « avoir peur » comme un oisillon, un retour à Dieu comme refuge pour prier et lui proclamer remerciements d’être encore là, en vie… Là est l’art, tout l’art… Tu ne fais que nous surprendre et je ne peux que te féliciter poétesse Maissa…

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    Merci beaucoup Gentleman et homme de lettres Salah Mourou, votre commentaire honore mes humbles odes et ma modeste plume qui essaie de rendre hommage à ce passé simple de la mémoire tatouée, tous mes respects et ma gratitude Grand Monsieur.

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