Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :1-Les poèmes de Jocelyne Mouriesse :1-4 : L’éclaireur de poèmes

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Jocelyne Mouriesseجوسلين مورياس

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Il a 
L’éclaireur de poèmes
L’œil fixe sur la feuille inerte
L’oreille aux courants aériens

Il prend racine sur les sentiers
Le grain subtil
Des résiliences
L’ombre rebelle des évidences

Il goûte
L’éclaireur de poèmes
Les baies acerbes de l’insondable
Aux contours des vagabondages

Il n’a de cesse l’éclaireur
D’essaimer les mots clairsemés
De fils en filles
D’Ariane

19/09/16

 

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor :

 

Ce court poème que certains lecteurs trouveraient ordinaire et ne retiendrait donc pas suffisamment leur attention revêt pour moi une grande importance, du fait du sujet très actuel  qu’il traite et sur lequel se penchent aujourd’hui des sciences de pointe comme la génétique, la cognition et les neurosciences. Mais comme les sciences, en général, se contentent, à cause de contraintes méthodologiques, d’analyser les manifestations extérieures des phénomènes  qu’elles étudient, il est très utile d’écouter les témoignages des artistes et parmi eux les poètes sur ce phénomène insolite et énigmatique avec lequel ils sont liés  durant toute leur carrière artistique et duquel dépendant leur réussite ou leur échec totalement ou partiellement.

Selon l’auteure de ce poème, l’inspiration provient d’une source inconnue et peut-être lointaine, d’où la nécessité pour le poète de bien tendre l’oreille afin de capter une sorte d’ondes illuminatives qui font naître en lui des sensations, des idées et des images qui ne lui ont jamais traversé l’âme ou l’esprit (L’éclaireur de poèmes/L’œil fixe sur la feuille inerte/L’oreille aux courants aériens).De ce fait ,le poète, grâce à l’extrême malléabilité de ses facultés ou compétences qui ne se réduisent pas  à l’intellect, le moyen unique et suprême dont dispose  l’homme de sciences, mais qui englobent aussi l’imagination , la sensibilité  et l’intuition  au point où la poétesse voit en lui « un grain subtil des  résiliences », se place à l’écart du connu et de l’évident (L’ombre rebelle des évidences)et sa quête au lieu d’emprunter, comme chez cet homme de sciences, une voie rectiligne tracée au préalable, avance d’une façon discontinue et désorganisée  semblablement à une errance (Les baies acerbes de l’insondable/Aux contours des vagabondages) tellement le but qu’il convoite (dire l’indicible) ne dépend pas de sa volonté mais justement de ce phénomène de l’inspiration. Et une fois « la révélation » accomplie, il n’a qu’à bien exploiter  les trésors qui lui ont été  fournis dans une œuvre resplendissante de beauté et de talent (Il n’a de cesse l’éclaireur/D’essaimer les mots clairsemés/De fils en filles/D’Ariane).Et  ce discours artistique composé de mots dont les éléments constitutifs premiers viennent d’on ne sait où (c’est-à-dire le poème) procure au poète du plaisir (Il goûte ) et en même temps aide l’humanité à comprendre  une partie  du  pourquoi de son existence .

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Un commentaire

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    Mohamed Salah Ben Amor

    Anne Torchet Un lien transmissible par la jouissance de lire, de se découvrir sous la couche d’encre volubile

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