Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :24 –Les poèmes de Thierry Mongaillard :24 –1 : le poète du vent

Thierry Mongaillard

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Écrivain par amour, n’aimant rimer que la nuit,

Dans la grande lignée des poètes du vent,

Je l’ai vu cheminer sans les palmes d’argent.

 

De ville en ville, de bourg en bourg, même ici

Sur l’agora, il chantait des vieux airs catalans,

Seuls, ses refrains par les oiseaux étaient repris.

 

Randonneur sans bâton, marcheur toujours chantant,

Sous le moutonnement des nuages de pluie,

Je l’ai entendu prier, Marie et l’enfant.

 

N’est-pas poète qui veut par grâce ou par envie?

Sur son chemin de rimes, comme par enfantement,

Les alexandrins sortaient d’une quasi léthargie.

 

Traçant les mots à la craie sur l’ardoise du temps,

Jamais il ne relisait ses premiers écrits,

Par souci de ne pas déranger l’ordre naissant.

 

En dégageant les rimes frêles de son esprit,

Il colorait d’amour les grands mots indigents,

Pour mieux les comprendre, c’était son premier souci.

 

Pour enfin les entendre ses grands mots savants,

Qui trottaient dans sa tête comme par magie,

Mais étaient-ils de lui ou bien étaient-ils du vent?

 

Personne ne savait que son écriture à lui,

N’usait le verbe que pour accorder le temps,

Et cela l’école ne le lui avait pas appris.

 

“Ave” frère poète, tu n’es pas le plus grand,

Même si ton ego te semble tout petit,

Toute ta poésie tu l’a apprise du vent.

De ce grand amphigouri de notes c’est vraiment la plus jolie .

 

(Thierry Mongaillard – poète français)

 
L’auteur de ce poème  auquel j’ai donné le pseudonyme de “poète nocturne” parce qu’il ne se manifeste sur facebook que très tard la nuit ou à l’aube ,expose avec une grande précision sa conception propre de la création poétique. Ce qui constitue pour nous un témoignage supplémentaire pour espérer lever un jour ce mystère sur lequel se penchent actuellement les cognitiens , les généticiens et les neuroscientifiques.

Selon l’expérience propre de l’auteur, l’inspiration ne lui vient que la nuit(écrivain par amour, n’aimant rimer que la nuit).Ce cadre temporel est, croyons-nous savoir, le même où les prophètes recevaient la parole de Dieu , peut-être parce qu’à cette heure, tout baigne dans le calme et aide donc à la concentration et à la connexion cérébrale avec des sources de révélation inconnues. Le grand poète tunisien Aboulkacem Chebbi n’a-t-il  pas raconté dans ses mémoires .que les vers prennent  parfois d’assaut son esprit  en plein sommeil ?

la seconde caractéristique de l’écriture poétique de l’auteur est sa spontanéité pure  à tel point qu’il ne court jamais derrière le poème  mais c’est le poème  qui l’assaillit  sans préavis tel un accouchement. Ce qui  différencie totalement cette écriture du simple traitement technique du poème ou versification qui n’engendre que des textes artificiels, compassés  ,ni goût ni couleur (  traçant les mots à la craie sur l’ardoise du temps, jamais il ne relisait ses premiers écrits, par souci de ne pas déranger l’ordre naissant  – pour enfin les entendre ses grands mots savants qui trottaient dans sa tête comme par magie, mais étaient-ils de lui ou bien étaient-ils du vent?  – sur son chemin de rimes, comme par enfantement, les alexandrins sortaient d’une quasi léthargie. ).Une autre spécificité de cette écriture est son caractère cosmique et universel,  du fait que ses mobiles ne sont point d’ordre social ou réel mais elle provient de contacts  secrets et invisibles  avec des  êtres et objets de la nature tels que  le vent, les oiseaux, les nuages , la pluie, le temps  (toute ta poésie tu l’a apprise du vent – seuls, ses refrains par les oiseaux étaient repris – traçant les mots à la craie sur l’ardoise du temps ). Toutes ces révélations de la part du poète concordent  à appuyer la thèse que la poésie est avant tout un don et non une performance technique qui s’acquiert   au moyen de l’érudition  (   personne ne savait que son écriture à lui, n’usait le verbe que pour accorder le temps, et cela l’école ne le lui avait pas appris)  et l’exercice  .Un manifeste poétique clair, cohérent et bien articulé sans le moindre sacrifice sur le plan esthétique oû la langue est hautement poétisée et le rythme est régulier et soutenu.

 

 

 

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